Un derby vidé de son sens

Le choix dans la date

Si certains ont d’abord pu soupirer de constater la redondance du tirage au sort, après la rencontre de la saison dernière, ce Sochaux-Racing, sorti des boules de la FFF (aucune allusion graveleuse), n’en demeure pas moins l’affiche de ce 7ème tour de coupe de France. C’est donc sans surprise qu’Eurosport, le diffuseur de la compétition, avait retenu ce derby de l’Est pour une retransmission, non pas un lundi soir, mais un dimanche à 20h45. Encore quelques années, et on aura des horaires compatibles avec la venue des spectateurs dans les stades… Pourtant, le vendredi 13, dans l’après-midi, le préfet de Région Raphaël Bartolt émettait des « réserves spécifiques » sur la tenue du match. La raison, le manque de moyens de sécurité, un problème déjà soulevé plus tôt dans la semaine, puisque la compagnie de CRS de Strasbourg était initialement en repos ce dimanche 15.

La suite, on la connait malheureusement, les attentats de Paris ont mobilisé l’ensemble des acteurs de la sécurité nationale, et beaucoup de manifestations sportives ont été reportées. Mais contrairement aux fédérations de basket ou de hockey sur glace, la FFF a laissé le soin aux acteurs locaux de décider. D’où une confusion, avec des rencontre de ce 7ème tour jouées, dans le contexte que l’on a pu observer, et d’autres reportées. C’est le cas de ce Sochaux-Racing, après la décision du préfet.

Dès lors, les différents règlements sont formels, la coupe de France prime sur le championnat. Une subtilité qu’Albert Cartier, qui avait déjà connu pareille situation avec Metz, a pu expliquer à Jacky Duguépéroux. Ainsi, le match de championnat de National entre Luçon et Strasbourg a été repoussé dès lundi, laissant déjà un indice quant à la date retenue pour le déplacement à Sochaux. De lors côté, les Francs-Comtois ont vu leur match de L2 du vendredi reporté de quelques jours. Et après échanges entre les clubs, les autorités et le diffuseur, la rencontre, la dernière à avoir été reprogrammée, a été fixée à ce vendredi 20 novembre.

Mais après ces questions de calendriers, la question de la sécurité, liée à la mise en place de l’état d’urgence dans le pays, s’est posée. Au niveau national, les déplacements de supporters ont ainsi été interdits, en L1, L2 et coupe de France, faute d’effectifs de police suffisants. Comme si ces déplacements étaient inévitablement générateurs de troubles à l’ordre public. Comme si les supporters ne pouvaient pas être responsables, surtout dans un contexte aussi particulier. Comme si surveiller un parcage fermé et un déplacement encadré mobilisait plus d’hommes que de faire appliquer des arrêtés préfectoraux. Bref, le stade Bonal ne résonnera pas des chants strasbourgeois, les quelques supporters téméraires présents malgré l’interdiction devant se faire petits pour éviter des sanctions, allant de la garde à vue à l’interdiction de stade...

Il y a aussi un match

Heureusement, sur le terrain, ce Sochaux-Racing reste tout de même une affiche indécise, dans laquelle Strasbourg a un vrai coup à jouer. Les Sochaliens sont actuellement englués dans le bas de tableau de L2, après un début catastrophique, qui a été fatal au très contesté Olivier Echouafni. Son successeur, Albert Cartier, réputé pour son côté meneur d’hommes, semble toutefois être en train de redresser la barre, avec une charge de travail plus importante et un secteur défensif solidifié. Ainsi, le FCSM présente un bloc compact, mais également quelques solides arguments devant, notamment avec la vitesse de Karl Ekambi, et la jolie patte gauche de Florian Martin.

Du côté du Racing, à première vue, ce match ne constitue pas vraiment une priorité. Ainsi, en début de semaine dernière, Jacky Duguépéroux ne cachait pas que «la priorité, c'est le championnat. J'ai en tête ce que la Coupe nous a coûté la saison dernière en termes de blessures.» Un discours qui laisse entrevoir un certain turn-over, notamment en défense, où Yoann Salmier remplacera Felipe Saad, suspendu, au milieu, où Bill Tuiloma et Massiré Kanté devraient obtenir du temps de jeu, et enfin sur le front offensif, où le trio Sabo-Aguemon-Bahoken se doit de profiter de l’occasion pour se montrer et effacer une partie de la déception qu’il a engendré jusque-là. Toutefois, dans sa traditionnelle conférence d’avant match, tant appréciée par les journalistes sportifs locaux, le coach semble avoir quelque peu changé son fusil d’épaule, et évoque clairement la volonté de « tout faire pour se qualifier ». La perspective de recevoir Nancy, l’un des gros bras de Ligue 2 cette saison, à la Meinau, semble titiller le technicien breton. Le type de visage qu’offrira le RCS ce soir reste donc la question de cet avant-match, d’autant que ce déplacement peut permettre de voir (enfin) un peu plus offensif, ou au moins plus cohérent.