Le tarif habituel

2-0 semble être un score qui plait aux joueurs strasbourgeois, vu que c'est par cette marque que les quatre premières victoires de la saison se sont conclues. Le score parfait comme l'a si bien démontré Léonard de Vinci dans son célèbre « traité universel de la Coupe de l'UEFA » (1507). Pourtant, si les scores sont les mêmes, les matchs ne se ressemblent pas. Brillant lundi face à Châteauroux, le Racing s'est montré bien plus laborieux au stade Dominique Duvauchel qui, comme chacun le sait était un célèbre journaliste sportif local décédé en 1985, peu avant l'inauguration de l'enceinte sportive.

Fort inspiré, Romain Gasmi exprime la riche idée d'ouvrir le score dès le début de la rencontre. Un bien joli but d'ailleurs, inscrit sur une reprise de volée qui envoie Richard Trivino dans un champ de pâquerettes. Pour la première fois de la saison, le Racing mène à l'extérieur dans le cadre du championnat.

La suite n'est que souffrance, et ce, durant une quarantaine de minutes. Les Strasbourgeois sont mous et apathiques tandis que les Cristoliens tentent de prendre les choses en main, refusant la fatalité d'une défaite à domicile les enfonçant un peu plus dans les obscures et sinistres catacombes de la division qui sentent le moisi et où il y a plein d'araignées. Le Racing tangue comme un bateau ivre mais ne sombre pas pour deux raisons essentielles. D'abord, la solidité de la défense centrale Jeff Strasser et Habib Bellaïd, qui démontre pour l'occasion qu'elle est capable d'essuyer des tempêtes sans dommage. D'autre part, la maladresse assez fabuleuse des attaquants de l'USCL qui réduisent à néant les efforts louables d'un collectif d'honnête facture. Ceux-ci font penser à un chasseur malvoyant atteint de la maladie de Parkinson incapable de viser un éléphant rose dans le couloir d'un magasin de porcelaine. Symbole de la gaucherie de ces gâchettes peu fines, Rui Pataca qui a le but grand ouvert et dont la reprise de volée envoie le ballon en orbite dans la stratosphère.

Pour être brutalement franc, une grosse occasion de Romain Gasmi juste avant la pause, qui expédie sur un coup franc excentré une jolie frappe sur la barre transversale, nous empêche de dire que ce score de 1-0 à la mi-temps est un vol à la roulotte qualifié.

La partie reprend et le public strasbourgeois constate très ému que Dimitar Rangelov a remplacé Jérémy Perbet sur le flanc de l'attaque. A peine le temps d'exprimer cette joyeuse constatation que le divin Bulgare arrête le temps, caresse le cuir, et délivre une merveille de ballon enroulé dans le but de Richard Trivino. Du pur travail d'orfèvre de la part du merveilleux Mitko, remplaçant de luxe qui montre en marquant deux buts en une semaine qu'il mérite bien mieux que ce rôle.

Du coup, la partie est définitivement tuée. Les joueurs de Créteil semblent se résigner à leur triste sort (les catacombes moisies, les araignées, tout ça) et le Racing se contente de gérer les affaires courantes. Eric Mouloungui (qui a remplacé poste pour poste Romain Gasmi) met le feu sur l'aile gauche et envoie un ballon dans le secteur visiteur (ceux qui étaient présents ne pourront s'empêcher de sourire à l'énoncée de cette dernière phrase, pour les autres, explication de la private joke dans le prochain « côté tribunes » qui s'annonce passionnant...). Stéphane Cassard se rappelle au bon souvenir de son ancien public en effectuant une jolie parade.

Bref, le Racing rapporte finalement tranquillement sa première victoire à l'extérieur de la saison. Et, il aborde sereinement la suite des événements qui s'annonce excitante à souhait avec les réceptions de trois adversaires potentiels pour la remontée (Le Havre, Caen et Grenoble) ainsi qu'un périlleux déplacement à Ajaccio, le tout dans une atmosphère de centenaire. Un plat de résistance qui s'annonce alléchant...